À PROPOS

Là où l’homme a cessé d’imposer sa lourde présence, médiocre et violente, le monde peut sortir de sa torpeur et bourgeonner à nouveau d’événements joyeux. Les ronces réapparaissent sur les terrains vagues, foisonnent en un réseau de sarments hérissés d’épines. En été, elles fleurissent et portent leurs fruits savoureux, puis, en se consolidant, elles se préparent déjà à transmettre leur vitalité aux pousses nouvelles du printemps suivant. Là où les femmes sont laissées en paix par les hommes, leur créativité et leur intelligence peuvent s’exprimer librement.

En effet, les hommes oppriment les femmes. C’est une oppression parfaitement systématique, même si les formes qu’elle prend diffèrent dans le monde. Aujourd’hui encore, il n’existe pas sur notre planète de région exempte de cette oppression et la liste des exactions commises par les hommes sur les femmes est infinie. Au Cameroun, les seins des filles sont repassés. Au Salvador, les femmes qui tentent d’avorter, parfois victimes de viol, sont entassées dans des prisons insalubres. En Thaïlande, des centaines de milliers de filles et de jeunes femmes sont violées quotidiennement dans le cadre de la prostitution. En France, plus de cent femmes sont tuées chaque année par leur conjoint ou ex-conjoint tandis que la police, la justice et l’État manquent à leurs devoirs de protection et de condamnation. Où que l’on regarde, les femmes sont violentées, dominées et doivent lutter pour leurs droits, souvent même pour leur survie.
Si la liste des exactions commises par les hommes sur les femmes est infinie, si les formes qu’elles peuvent prendre rivalisent d’ingéniosité cruelle, deux constantes se révèlent immuables : il s’agit toujours du groupe des hommes qui oppresse le groupe des femmes. Les premiers soumettent et s’approprient les secondes, les réduisant au statut d’objets déshumanisés, juste utiles à les servir. À leurs yeux, les femmes sont des machines-à-reproduire, des vulves et des vagins à « défoncer », des corps impurs qu’il s’agit tantôt de cacher, tantôt de formater – toujours selon leurs désirs.
Parce que les corps des femmes diffèrent de ceux des hommes, parce qu’ils permettent d’enfanter, d’allaiter, de jouir autrement, les mâles ont instauré un effroyable système social leur permettant de justifier leur supériorité sur les femelles, que les féministes désignent sous le nom de patriarcat. Du constat de notre différence biologique, les hommes ont déduit notre infériorité absolue, justifiant cette hiérarchie artificielle en imposant le genre : la masculinité et la féminité, qui sont des règles de conduite pour chaque sexe. La féminité incombe aux femmes : elles doivent être douces, dociles, gentilles, belles… La masculinité, elle, est réservée aux hommes, qui doivent être puissants et protecteurs, qui doivent dominer les femmes, la nature et les animaux.
À cette souffrance commune, millénaire, s’ajoutent, pour bon nombre de femmes, des oppressions spécifiques. Les femmes lesbiennes, les femmes handicapées, les femmes dites racisées, les femmes de pays non-occidentaux, les femmes pauvres, les femmes âgées, les femmes migrantes… subissent d’autant plus la domination des hommes et des groupes sociaux avantagés desquels elles ne font pas partie. Nous tenons à appréhender l’intersection de ces oppressions, tout en ne perdant pas de vue qu’en régime patriarcal, toutes les femmes subissent la loi des hommes. Nous souhaitons donc étudier ici ce qui nous lie, mettre des mots sur notre condition commune et lutter contre les oppressions, diverses, que nous subissons.
Qui sommes-nous ?

N ous sommes un collectif de femmes réunies par nos valeurs et par notre désir de construire un espace de réflexions féministes. Nous sommes d’âges, d’origines, de classes différentes, pluralité qui se reflètera dans nos articles. Ce site est un lieu où nous partageons nos connaissances, et cherchons des réponses, des solutions. Nous tenons aussi à ouvrir cet espace à d’autres femmes qui ajouterons leur voix aux nôtres par leurs contributions.

Si nous avons ressenti le besoin de créer ce site, c’est parce que nous constatons que le féminisme (notamment en ligne) est trop souvent vidé de son ambition de lutte collective, privé de la richesse intellectuelle des milliers de femmes qui l’ont pensé, théorisé avant nous. Les slogans creux, les dérives ésotériques et sectaires, les revendications contraires aux intérêts des femmes (comme le fameux « droit de se prostituer ») : tout ceci n’est pas notre féminisme, et ne peut pas être le féminisme. Cette lutte ne saurait être individualiste et n’existe pas pour « valider » les choix de certaines femmes, quels qu’ils soient, mais pour mettre fin aux oppressions qu’elles, que nous subissons.
Pour ce faire, il faut éradiquer le mal à la racine, conviction qui guidera donc notre contenu.

Si vous souhaitez contribuer, poser une question ou nous faire part de vos remarques, écrivez-nous à contact@roncesetracines.fr ou directement sur Instagram. Nos voix comptent, faisons-les résonner.